Le deuil périnatal est défini comme le deuil vécu suite à la perte d'un bébé en cours de grossesse, à la naissance ou au cours du premier mois de vie de l'enfant.


Cette perte peut survenir par une fausse couche, une grossesse ectopique, une interruption de la grossesse suite à la découverte d'anomalies chez le bébé (ou de problèmes de santé graves chez la mère incompatibles avec une grossesse), une mort in-utéro, un décès au cours du travail/accouchement ou un décès dans les premières semaines de vie de l'enfant. Peu importe le stade de la grossesse où la perte survient, le deuil est aussi intense, la peine ne se quantifie pas au nombre de semaines de grossesse. Malheureusement, encore de nos jours, cette perte n'est souvent pas reconnue à sa juste valeur et est minimisée par l'entourage et même par certains professionnels de la santé.


Il est difficile de mettre en chiffre le nombre total de pertes périnatales étant donné que les décès en début de grossesse ne sont pas comptabilisés dans les statistiques officielles.

Au Québec, on estime que 20% des grossesses se terminent par une fausse couche, soit la perte du fœtus dans les 20 premières semaines de grossesse, ce qui représenterait entre  18 000 à 20 000 fausses couches annuellement.


Par contre, pour les pertes plus avancées au cours de la grossesse, celles-ci sont répertoriées:
1400 décès par année entre 20 et 28 semaines de grossesse
656 décès d’enfants entre 28 semaines de grossesse et 28 jours de vie


Le deuil périnatal est un deuil particulier, voire même complexe de par sa nature soudaine et inattendue entre autre. C'est un deuil, encore tabou dans notre société. La perte d'un bébé n'est pas toujours reconnue comme telle surtout lorsque la perte arrive en début de grossesse, le manque de soutien et de reconnaissance du deuil, pourtant si légitime, que vivent les parents affligés est très difficile à vivre pour eux. Il n'est pas rare de voir les parents endeuillés s'isoler par ce manque de compréhension de l'entourage. Contrairement au deuil d'une personne qui a fait partie de notre vie pendant des années, la perte d'un bébé en cours de grossesse laisse très peu de souvenirs aux endeuillés pour se réconforter, ce qui s'avère être une difficulté supplémentaire pour leur cheminement de deuil.


Pour plusieurs également, c'est une première expérience avec le deuil. Les réactions intenses vécues les prennent par surprise et plusieurs ont besoin d'être guidés pour se rassurer qu'ils sont normaux dans leurs réactions.


Voici une liste, non exhaustive, de réactions normales en réaction à un deuil:


- des sentiments tels que la tristesse, la colère, de l'irritabilité, la culpabilité et les reproches envers soi, l’anxiété, l’ennui, un sentiment de désespoir, de la fatigue, sentiment d'être perdu ou abandonné, de l'inquiétude, un désir de se cacher ...

- des sensations physiques telles qu’un vide dans l’estomac, des tremblements, un serrement de la poitrine ou de la gorge, des nausées, des vertiges, des diarrhées, des palpitations ....

- des troubles cognitifs tels que de la confusion, des pertes de mémoire ou de concentration, des préoccupations obsédantes, des hallucinations, des cauchemars, une perturbation de la pensée logique...

- des problèmes de sommeil, des changements d’appétit, un retrait social, consommation d'alcool, des rêves de la personne décédée, de la méfiance ...


Plusieurs personnes présentant ces symptômes en début de deuil confondent trop souvent ces réactions normales à une dépression majeure.


Plusieurs difficultés auxquelles ils n'ont pas pensé attendent les parents. Le retour à la maison les bras vides est très déstabilisant. Les arrangements funéraires (inconnus jusqu'ici pour la majorité d'eux), les soins requis et questions posées par les autres enfants, la montée laiteuse sans bébé à nourrir, les rencontre de femmes enceintes / bébés dans l'entourage ou au centre d'achats, la chambre du bébé à la maison, le retour au travail ou encore la différence de vécu des conjoints sont tous des éléments qui alourdissent le deuil vécu par les parents.


L’ajustement du couple au deuil périnatal peut être source de grands conflits, les expériences du père et de la mère sont très distinctes et diamétralement opposées. Des malentendus peuvent en découler, susceptibles d’affecter la relation du couple et le processus de deuil. Le parent endeuillé veut se tourner vers son conjoint(e) pour obtenir du soutien, mais ce dernier est lui-même submergé par sa propre souffrance, incapable d’aider quiconque. Une des causes majeures du stress vécu par les couples endeuillés provient du fait que les partenaires vivent leur deuil simultanément, qu’ils l’expriment et le gèrent de façons différentes. La manifestation féminine du deuil tend à s’actualiser dans l’expression des émotions en lien avec la perte, alors que les hommes ont tendance à se replier dans une attitude plus réservée et solitaire. Ils font davantage appel aux stratégies cognitives et focalisent sur les problèmes et l’action.  Les pères ressentent moins de culpabilité que les mères mais plus d’impuissance, d’irritabilité, de colère et d’agressivité. Pour les pertes qui surviennent en début de grossesse, il n'est pas rare que le père soit moins attaché au bébé que la mère et qu'il ne vive donc pas cette perte comme la perte d'un bébé en tant que telle.


Les impacts peuvent être grands au niveau du parent endeuillé, de son couple, de la fratrie ainsi des membres de la famille élargie. Il ne faut pas hésiter à consulter pour minimiser les effets des impacts négatifs.


Je vous invite à prendre connaissance des différents onglets de cette section pour en connaître davantage sur le deuil périnatal et ses particularités.




Le deuil périnatal